Par Armen TIMOURDJIAN - Fondateur de PERSPECTIVE, Consultant expert en STRATEGIE 360Dans mon article précédent, j’expliquais que bien souvent, faire un business plan ne sert à rien. Qu’en est-il du budget prévisionnel ?
Que trouve-t-on dans un budget prévisionnel ?
Un « prévisionnel », c’est classiquement un tableau dans lequel l’entrepreneur tente de prévoir charges et produits, recettes et dépenses. Bref, ce qui devrait « sortir » et ce qui devrait « rentrer ».
Cela peut paraitre simple. Mais lorsque le prévisionnel est préalable au lancement de l’activité, il est bien souvent très complexe de « prédire » les produits.
En revanche, il est beaucoup plus facile d’anticiper les charges. Notamment les charges fixes qui, comme leur nom l’indique, sont fixes, et ont donc vocation à être prévisibles.
Ces charges fixes vont du loyer aux salaires (fixes), en passant par les honoraires (comptables), ou les assurances. Elles peuvent être très majoritaires, notamment dans les sociétés de services sans production. Ou bien moins importantes que les charges variables : achat de matières premières, consommation d’eau et d’électricité, sous-traitance, etc.
Les charges variables doivent donc être attentivement étudiées, selon la production de l’entreprise. Ainsi, une manufacture de chemises devra quantifier la quantité de tissus, fils, boutons… nécessaires à la fabrication d’une chemise. Mais aussi la consommation d’électricité, les coûts d’acheminement et de commercialisation de sa production, etc.
Cette étape est un préalable très important, permettant, par la suite, de calculer son point mort et/ou son seuil de rentabilité – qui sont deux choses différentes : j’y reviendrai dans un prochain article.
Faire le point sur l’ensemble des dépenses prévisibles nous permet de connaitre le montant minimum de produits que l’entreprise est obligée de générer pour survivre.
Que faire si le budget prévisionnel n’est pas équilibré ?
Dans le cas où le montant des produits raisonnablement espéré est insuffisant, cela permettra de calculer le montant de l’investissement initial nécessaire. Et notamment de choisir le montant du capital de départ (ce point fera également l’objet d’un prochain article).
Pour simplifier : si, par exemple, la première année est déficitaire de 30.000 €. La deuxième également déficitaire, à hauteur de 10.000 €. Et que la troisième atteint l’équilibre : le prévisionnel nous permet d’anticiper que le capital de départ devrait être, à minima, de 30.000 € + 10.000 € = 40.000 €. Et donc, probablement de plus, compte-tenu des investissements de départ.
Si la somme nécessaire au maintien des fonds propres positifs est trop importante, il s’agira donc d’opter pour l’une des trois solutions suivantes :
- Renoncer au projet ;
- Modifier le projet (afin de le rendre moins gourmand en capitaux initiaux) ;
- Rechercher des investisseurs.
Comment remplir son budget prévisionnel ?
Optez pour un juste équilibre entre réalisme et pessimisme !
L’optimisme n’est pas une bonne chose lorsqu’on élabore un budget prévisionnel ! En effet, un budget prévisionnel trop optimiste, qui ne se réalise pas, vous fera passer, au mieux, pour quelqu’un de peu rigoureux, ne connaissant pas son marché… Au pire, pour un amateur, un baratineur ou un inconscient.
Le cas échéant, un prévisionnel optimiste ne se réalisant pas peut vous causer des pertes que vous n’êtes pas en mesure d’éponger.
Un prévisionnel doit être réaliste. Il vaut mieux être un peu pessimiste sur les produits, et avoir une bonne surprise à la fin de l’année, que de prévoir un budget à peine équilibré, alors qu’il se base sur une pleine activité !
Combien de fois ai-je vu un prévisionnel à peine équilibré, alors que le festival prévoyait d’avoir vendu toutes ses places, que le restaurant prévoyait d’être complet midi et soir, que la boutique projetait d’avoir vendu tout son stock… C'est la certitude d'avoir, au final, une mauvaise surprise !
Reprenons le cas du restaurant : imaginons que l'établissement n'ait, finalement, "qu'un" taux de remplissage de 80%, ce qui est un très très bon "score"... Il serait donc à perte ! C'est absurde.
Pour prendre une métaphore scolaire un peu idiote : c'est comme si seul le 20/20 était acceptable et qu'un 16/20 conduisait au redoublement.
Doit-on faire apparaitre une rémunération dans les premières années d’un prévisionnel ?
OUI ! OUI ! Et encore OUI ! Il n’y a rien de plus absurde qu’un prévisionnel d’un entrepreneur vous annonçant fièrement – et la mine responsable – qu’il n’a « pas prévu de se payer » pendant les 2 ou 3 premières années, y compris sous couvert. Qu’il est « couvert par le chômage » ou qu’il « a des économies ».
La création d’une entreprise est une action dont la finalité est de rémunérer l’entrepreneur.
Il est, donc, totalement paradoxal de ne pas prévoir de rémunération pour le créateur. Celui qui, bien souvent, prend tous les risques et va travailler soirs et week-ends, pendant plusieurs années.
Il est, selon moi, préférable d’intégrer, le plus tôt possible, une rémunération progressive, pour « habituer » l’entreprise, et structurer l’activité autour de cette réalité inéluctable : le dirigeant créateur doit être rémunéré (1).
Il sera donc bien plus sain que le chef d’entreprise s’octroie, par exemple, une rémunération de 500 € / mois les 6 premiers mois, puis 1000 € les 6 mois suivants, puis 1500 €, etc. Au lieu de penser qu’il est préférable pour l’activité de ne pas se rémunérer du tout pendant 24 mois. Pour ensuite s’octroyer une rémunération de 3000 € par mois (coûtant 5000 € à l’entreprise), du jour au lendemain !
Faire cela est le meilleur moyen de créer une entreprise, de travailler 80 h par semaine, de payer tout (fournisseurs) et tout le monde (salariés) sauf soi-même, pendant deux ans. Puis de mettre la clef sous la porte, la 3e année !
Doit-on faire plusieurs versions de son budget prévisionnel ?
C’est préférable. Cela permet traditionnellement d’envisager une version « pessimiste », une « moyenne » et une version « optimiste ». Cela permet d’anticiper les décisions, les stratégies, de s’y préparer, de les budgétiser.
En ce sens, le budget prévisionnel doit vous permettre de gérer votre trésorerie, de connaître votre besoin en fonds de roulement (BFR)…
Le budget prévisionnel est donc indispensable ?
Oui ! Le budget prévisionnel permet de prendre conscience de l’ensemble des frais prévisibles et de calculer le volume de vente nécessaire pour couvrir les frais ET gagner sa vie.
Dans certains cas, le budget permet de réaliser que le projet est sous-dimensionné, ou bien exactement l’inverse. Le budget prévisionnel permet également, dans le cas de plusieurs créateurs associés, de s’assurer que tout le monde réalise la réalité dans laquelle il s’engage.
Voilà pourquoi faire appel à un cabinet conseil pour vous accompagner dans l’élaboration d’un budget prévisionnel est très important.
Chez PERSPECTIVE Conseil, nous pouvons vous aider, que ce soit pour un simple regard extérieur, pour challenger vos hypothèses, ou bien même pour son élaboration de A à Z.
Notre accompagnement sera objectif et confidentiel, nos préconisations toujours justifiées.
